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Qu’est-ce qu’une connexion satellite ?

« La Terre est le berceau de l’humanité, mais on ne vit pas dans un berceau pour toujours. » Konstantin Tsiolkovsky

L’espace a toujours occupé une place de choix dans l’imaginaire des hommes, refuge des Dieux, du non tangible, c’est sans doute l’ultime frontière qu’il nous reste à franchir. Dans cette course effrénée à la découverte de l’infiniment vaste, nous avons perfectionné notre rapport à celui-ci, notre approche face à cette mer de solitude et des forces qui la régisse. Mais avant d’en arriver aux “Constellations” de Starlink où l’arachne Kuiper de Jeff Bezos, c’est toute une histoire qui s’écrit au fil des avancées techniques de la seconde moitié du XXe siècle.

Une petite histoire la tête dans les étoiles

Au sortir de la Seconde Guerre mondiale c’est un monde en ruine qu’il faut reconstruire, une nouvelle économie à recréer et à repenser autour d’une nouvelle distribution des pouvoirs. Au centre de cette nouvelle guerre froide, la conquête de l’espace comme source de prestige est le dernier lieu d’affirmation de la puissance de ces nouvelles polarités.

Fin de l’année 1945 c’est la publication de cette vision d’une nouvelle modernité de l’espace au travers de la parution d’un article devenu célèbre d’un auteur tout aussi connu, Arthur C. Clarke. Il préfigure à lui seul une grande partie de toute l’ère de la conquête spatiale dans une vision rigoureuse et moderne.

Donc bien avant l’essor d’un Starlink c’est dans un papier publié dans “Wireless World” que Arthur C. Clarke développe l’idée de satellites artificiels qui à une certaine distance et dans une certaine rotation permettent de créer des “circuits téléphoniques entre deux points ou deux régions de la terre, une majorité du temps pour qu’elles puissent communiquer”. Toute la suite de l’article prophétise une vision moderne de l’utilisation des moyens spatiaux dans notre évolution vers une nouvelle société avancée.

Et c’est nourri d’idéaux et d’optimisme que toute cette société en reconstruction se mit en tête d’étendre les limites du possible au-delà même des nuées pour chercher un sens qui dépasse le cadre même des nations.

Un petit pas en avant

Le premier satellite de communication est lancé en 1960 par la NASA, ce n’est pour le moment qu’un modeste ballon de 30 mètres de diamètre chargé de relayer passivement les communications radio. Et ce ne sera réellement qu’à l’envoi du Courrier B (qui ne fonctionna que 17 jours) que débutera une course vers les cieux qui se perpétue depuis lors, celui-ci étant capable pour la première fois de recevoir et d’amplifier un signal !

La seconde étape permit une fois encore de repousser les limites du réalisable avec la mise en orbite d’un satellite Telstar qui permit pour la première la retransmission d’image de télévision entre la station AT&T aux USA et le centre CNET de Pleumeur – Bodou en France.

Et pour ne pas s’arrêter en si bon chemin, on confie à l’entreprise “Hughes Aicraft Company” la réalisation de ce qui deviendra le premier satellite géostationnaire “SYNCOM”. Il fallut pas moins de vingt ans pour mettre en pratique les écrits prophétiques de Arthur C. Clarke et réaliser cette merveille de technologie en plaçant à bonne distance un satellite qui serait toujours fixé au même point de la surface de la Terre.

C’est ainsi que petit à petit se développa un maillage toujours plus dense au-dessus de nos têtes inconscientes des enjeux qui se jouent et pavant la route à ce rêve de monde mondialisé et d’échanges quasi-instantanés.

Quel chemin parcouru depuis les premiers satellites capables d’à peine une poignée de minutes d’enregistrement ou servant de relais passifs ! Mais l’idée demeure, celle d’offrir un pont céleste comme un aspect essentiel des échanges d’informations à travers le globe. Chaque point céleste est une fenêtre vers un monde en pleine marche que votre antenne satellite permet d’atteindre et d’ouvrir à votre guise et en temps réel.

D’un point de vue pratique, la connexion internet par satellite n’est pas très différente de nos échanges GSM terrestres. Elle consiste dans un principe simple d’envoi et réception à travers un relais redirigé vers un terminal cible, dans notre cas le relais n’est pas une antenne GSM, mais un satellite géostationnaire ou en orbite basse dans le cas de Starlink (et des nouveaux programmes de télécommunications). Et le terminal n’est autre que votre récepteur connecté à la parabole et de celui-ci sont ensuite diffusées les données à travers vos périphériques connectés. L’accès à l’immensité du réseau internet se fait en un point d’entrée nommé “téléport“ faisant office de relais gigantesque au flux vibrant d’internet. Ils sont constitués de très puissantes antennes paraboliques de plusieurs mètres de diamètre situées dans des zones stratégiques.

Vers l’infini et l’au-delà ?

Malgré toutes ces promesses de connectivité et d’inclusivité au réseau, l’internet par les étoiles a mis un certain temps à se faire une place dans le champ des possibles. Au-delà des offres 4G aux discutables relativismes en termes de flexibilités de vitesse ou de quantité de données, c’est aussi à cause d’un coût initial élevé et d’un certain nombre de limitations structurelles que le marché peine à se créer. Et ce malgré des aides gouvernementales à l’installation (jusqu’à 150 euros pour les offres affiliées) dans les zones blanches ou les RIP (Réseau d’initiative publique).

On retrouve un certain nombre de contraintes qui émaillent une expérience utilisateur parfois laborieuse en termes de connexion sur des offres dites classiques. Des pertes de débits dus aux partages de la bande passante du satellite entre particuliers et professionnels partageant un service commun sur des heures d’affluence. Mais aussi un temps de latence très élevé causé par le transport de l’information “aller et retour” jusqu’au satellite géostationnaire, gênant les échanges vidéos en direct, les retransmissions pour des vloggers nomades voire les sessions de jeux pour les férus de compétition en ligne. Ensuite on peut évoquer rapidement des limitations arbitraires ou quotas de données, des heures creuses illimitées discutables et une certaine complexité d’approche dans son utilisation à côté des offres dites classiques.

Mais depuis quelques années c’est à travers l’initiative américaine de l’entreprise SpaceX qu’une course effrénée vers les étoiles s’est relancée de plus belle pour étendre un nouveau maillage réseau de télécommunications en orbite basse. C’est ainsi que Starlink est devenu le fournisseur internet de Elon Musk, proposé en bêta sous l’appellation “Better than nothing”. Cette offre en constante évolution s’étend pays après pays, permettant un accès à l’information et une mobilité sans pareil. Désormais ce ne sont plus de gros satellites géostationnaires à plus de 36 000 km de là, mais une “constellation” de petits relais placés à tout juste 550 km permettant le transport ultrarapide de l’information et offrant une latence exceptionnelle de quelques dizaines de ms au maximum pour du très haut débit polyvalent.

Mais ces dizaines de milliers de satellites ne sont pas sans créer des troubles, par leur contrôle, la pollution lumineuse et l’immense ceinture de débris qui enserre à grande vitesse notre planète.

Et maintenant ?

Starlink s’impose d’ores et déjà dans notre pays comme l’offre la plus performante pour les particuliers et son ouverture aux petites et moyennes entreprises ainsi qu’aux nomades qui lui promettent encore de beaux jours devant lui ! Mais Elon Musk n’est pas le seul à avoir le nez dans les étoiles, Jeff Bezos et son projet pharaonique de Kuiper ne sont pas pour faire de la figuration, sans compter les différentes fusions européennes de services de communication.

L’année 2023 risque d’être déterminante pour les utilisateurs avec une concurrence toujours plus féroce, rivalisant d’offres et de nouveautés attrayantes.

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